Jean Clemmer Deauville jean clemmer photographie vintage autoportrait de Jean Clemmer

Dossier De Presse

 
Jean Clemmer, mon oncle, nous a quitté en 2OO1, il avait 75 ans, n’ayant pas d’enfant sa femme m’a confié son travail en me confessant que j’étais la personne à qui il voulait donner son œuvre, sans doute une reconnaissance pour sa nièce inconditionnelle admiratrice depuis toujours.

En effet entre Jean et moi il y a toujours eu une grande connivence, une admiration réciproque de notre travail, je suis sculpteur et cette relation fusionnelle depuis mon plus jeune âge m’a guidée dans mes choix, mes créations. J’ai d’abord eu besoin de faire le deuil à la fois de l’oncle et de l’Artiste, cela m’a aidé par la suite à regarder son œuvre d’un oeil neuf, le recule fut bénéfique, ce que j’aimais de son vivant je l’aimais encore davantage dans l’Eternel avec le besoin de vouloir le faire partager.

Après il a fallu réfléchir à la manière de faire connaître ou reconnaître cet héritage, ce cadeau.
En premier classer selon les périodes, puis sélectionner et là je me suis vu passer du rôle de nièce « fanatique » à celui d’agent, m’imprégner de son œuvre fut un mélange de douleur, de fierté, et de Bonheur.
Douleur car je me rendais compte qu’il n’y aurait plus de suite, fierté de la confiance que Jean me portait, Bonheur de prolonger notre affection à travers son œuvre. La seule chose que je me dois de faire est d’immortaliser son travail en le faisant vivre sous le regard des autres. En triant j’ai découvert de nombreuses photo-graphies (comme il aimait l’écrire) dont j’ignorais l’existence, des années de travail secret, de recherches, d’assemblages qu’il appelait « les Métamorphoses », on en connaissait certaines mais voilà que j’en découvrais des dizaines, elles m’apparaissaient comme des clins d’œil venu d’ailleurs.

Au milieu de toutes ses archives le choc et l’émotion de voir des détails de mes sculptures intégrés à des corps de femmes. Je pense tout de suite que désormais on pourra vraiment parler d’une relation «  à la vie, à la mort » entre Jean et moi. « Les Métamorphoses » sont la superposition de deux, voire trois, diapositives de sujets concrets qui deviennent par la magie de l’esprit de véritables tableaux-poètes, tableaux-fous, tableaux-rieurs, tableaux-romantiques, chacun nous parle et notre regard répond, avec l’évasion au rendez-vous.
Le travail de Jean, à mon avis, reflète parfaitement l’alliance de la création et de la technique, l’un ne serait rien sans l’autre, il disait toujours « image est le début d’imagination, ne l’oublions pas ».

A chaque fois que l’on regarde ces surimpressions, elles nous révèlent des détails que l’on avait pas remarqué. Lorsque l’on prend séparément les diapositives on s’aperçoit qu’il possédait une mémoire visuelle immense, il savait en prenant une photo de femme qu’elle se marierait avec « la chapelle du château de Versailles », avec « le détail de l’obélisque de la Concorde », avec « des volets clos »…On arrive à oublier la femme, on arrive à oublier la chapelle et l’ensemble devient irréel, surréaliste. La rencontre avec Dali depuis 1962, leur longue amitié n’est sans doute pas étrangère à toute cette recherche, ce besoin de délirer, de faire de chaque image une aventure, d’interpréter autrement.

Finalement la découverte de ce trésor m’a fait comprendre beaucoup de choses, Jean était un artiste à part entière il préférait créer que d’aller chercher preneur pour son art, rien de plus dur pour un artiste que de se vendre, c’est sans doute pour cela qu’il préférait s’enfermer dans ces «images-mixages» et j’ajouterais pas sages.

La volonté aujourd’hui de créer cet événement à travers Pierre Berger Associés, est pour moi une étape longuement mûrie, qui me remplie de joie, elle est le premier évènement important de l’œuvre de Jean dans la lumière depuis sa disparition.

L’exposition 15 jours avant chez Lucas Carton, est venue tout naturellement en racontant à Frédéric Chambre que Jean avait eu son studio pendant des années dans les caves de ce restaurant de grande renommée, 9 Place de La Madeleine, avant de déménager rue Barbette.

Je me souviens du labyrinthe qu’il fallait parcourir pour y accéder, afin de le rendre encore plus fantasmagorique il avait « planté » des tulipes lumineuses tout le long. Ces deux magnifiques caves lui correspondaient parfaitement, elles vivaient en alternance entre l’ombre naturelle et la lumière des projecteurs, en alternance entre un havre de silence et Amadeus Mozart qui faisait trembler les flammes des bougies. Car à certaines époques Jean élisait domicile à La Madeleine, le temps de calmer une querelle matrimoniale.

En commençant à prendre contact avec les personnalités du monde de la photo, je me suis aperçue que la renommée de Jean Clemmer était réelle, son travail interroge quelques soient les périodes, les plus connues restent celles avec Paco Rabanne (livre NUES, aux éditions Belfond 1969), avec Dali (les mises en scène), « les Métamorphoses », le point commun à toute son œuvre restera jusqu’au bout la Femme, les sujets abordés seront toujours « enrobés » de femmes dénudées. La photo de charme, est le thème dominant, il aimait profondément la Femme, sa féminité et elles lui rendaient bien. Sous son objectif il voulait qu’elles deviennent «fées-rieuses », « fées-nomènes », « fées-odales », « fées-tichistes », « fées-stins ».

Les projets sont nombreux, je suis entrain de créer un Prix Jean Clemmer de la Photographie de charme, car Jean était curieux du travail de ses confrères.

Une grande rétrospective aura lieu à Perpignan, projet que Jean avait déjà amorcé de son vivant avec Jean Casagran.
D’autres espaces prestigieux s’intéressent également à l’œuvre de Jean.